Par Loïc Lecanu, directeur associé de Scribes
L’annonce du président d’EDF de programmer une hausse du prix de l’électricité de près de 20 % dans les années à venir à fait l’effet d’une bombe.
Raison invoquée : financer les investissements colossaux réalisés par l’entreprise.
Légitimité argumentaire : l’électricité française est / ou serait moins chère, de 15 à 30 % que chez nos voisins européens.
L’annonce à provoqué un tollé médiatique. Elle à affolé les particuliers, et n’a pas manquée de faire réagir les sphères politiques : « En ce qui concerne les tarifs réglementés de vente de l'électricité, les évolutions tarifaires sont décidées par le Ministre d’Etat, ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer et par le Ministre de l’économie, de l’Industrie et de l’emploi, après avis de la Commission de régulation de l'énergie.
S'agissant d'une évolution tarifaire en 2009, aucune décision n'a été prise par le Gouvernement sur son opportunité et son niveau. La Commission de régulation de l'énergie n'a pas été saisie d'une proposition du Gouvernement.
Les chiffres évoqués récemment dans la presse par le président d'EDF n'engagent donc que lui », dixit le communiqué de presse officiel cosigné par le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer, et par le Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi.
Si le politique ne conteste pas officiellement le fond de l’annonce, c’est bien la forme de celle-ci qui est remise en question. Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde préférant ainsi afficher leurs distances, plus qu’une véritable désolidarisation quant à l’annonce.
Sentiment que le reste du communiqué de presse semble conforter, de part la légitimité argumentaire qu’il confère à l’annonce : « Les prix pratiqués en France sont inférieurs de 15 à 30 % aux prix pratiqués chez nos voisins européens, grâce à la compétitivité du parc électronucléaire construit essentiellement dans les années 80.
La compétitivité du parc de production électrique français, au bénéfice des consommateurs et de notre industrie, est donc une priorité stratégique du Gouvernement.
Les prix de l'électricité doivent naturellement permettre de financer l'important programme d'investissement attendu en France dans les 10 prochaines années, tant pour la production que pour l'amélioration du réseau. Cet effort doit être financé par les gains de productivité de l'entreprise EDF et par des majorations tarifaires. Celles-ci doivent cependant tenir compte de la situation fragile de nombreux ménages et entreprises dans le contexte économique actuel, ce qui exclut une progression trop rapide »… une manière comme une autre de préparer ce qui semble désormais inéluctable.
Alors, certes l’électricité est chère.
Certes, les investissements financiers colossaux réalisés par EDF ces dernières années (certaines peut être s’apparentant plus à une fuite en avant qu’à une volonté de préparer l’avenir) peuvent nécessiter une redistribution des cartes financières, voir même de penser les plans de financements.
On peut néanmoins amèrement regretter deux points :
- que cette situation de crise relative ne soit pas jugée comme le moment opportun de lancer une réflexion de grande envergure sur la stratégie de développement d’EDF ;
- que cette réflexion ne soit pas élargie à une réflexion beaucoup plus globale à la question énergétique, à la coproduction énergétique, à des manières différenciées de produire et de consommer de l’énergie.
Le communiqué de presse officiel :
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/09.07.2009_CP_JL_BORLOO_C_LAGARDE_-_Tarifs_de_l_electricite_cle0b3446.pdf
http://www.developpement-durable.gouv.fr/article.php3?id_article=5367
le parallèle établi est intéressant. je n'y avais pas pensé au départ.
mais il serait peut etre bien de poser la question de la strategie et de nos choix energetiques dans le debat public.
Rédigé par : Seb | 30 juillet 2009 à 20:12