Crédit photo: OIII Architecten
Walter Dresscher (ici à droite, aux côtés d'Eric Paardekooper Overman, dans les locaux de l'agence OIII Architecten à Amsterdam)
- Qu’est-ce qui vous a
donné envie de devenir architecte ?
Quand quelque chose ne me
satisfait pas, j’ai toujours envie de changer cette situation. J’ai
l’impression que, à travers l’architecture, je peux, à mon échelle, avoir une
influence sur l’évolution nécessaire pour la planète et ses habitants.
L’analyse de la ville et de la vie quotidienne à travers mes voyages sur les
cinq continents m’a fait réaliser qu’il n’y a pas une solution unique à chaque
problème mais qu’il y a plusieurs réponses possibles à apporter. En tant
qu’architecte, je peux combiner tout ça
et élaborer ma propre réponse.
- Pourquoi architecte durable ?
L’architecture devrait
être durable par nature ! La recherche de nouveaux styles et techniques
visant à plus de confort et d’esthétique guidait l’image de la ville et de ses
bâtiments depuis toujours. Les révolutions techniques ont permis à
l’architecture d’évoluer jusqu’à ce qu’on réalise que toutes ces inventions
avaient une influence sur l’environnement. On n’a réagit que trop récemment
après avoir laissé aller cette situation, au point de confronter le monde à une
vraie crise écologique. La nécessité de respecter l’environnement est vécue
comme une contrainte créant des limites aux architectes alors que je trouve que
c’est justement un catalyseur pour la création. Avec toutes les techniques dont
nous disposons, nous avons les outils pour créer une architecture nouvelle, que
l’on appelle durable.
- Quelles sont les spécificités de l'architecture hollandaise ?
Si les arts en général ne
dépendent que d’esprits libres, l’architecture nécessite l’intervention de
divers métiers. Et la collaboration ne s’organise pas de la même façon dans les
sociétés néerlandaise et française.
Aux Pays-Bas, la culture
protestante vise à rester austère et modeste en coût et est donc à l’origine
d’une architecture pérenne. La société néerlandaise garde toujours à l’esprit
une vision à long terme, ce qui se constate également dans la vie politique,
d’ailleurs.
Il y a une tradition bien
connue de négociation dans les pays nordiques. Au sein même des agences,
différentes personnalités mettent en commun leurs compétences pour faire
émerger des solutions innovantes. En France, on a une hiérarchie plus installée
entre le directeur et les dessinateurs. La société néerlandaise est basée sur
le dialogue et le compromis, ce qui contraste avec la rivalité manichéenne que
j’ai souvent observée en France. Cela se traduit dans l’architecture : on
trouve beaucoup de combinaisons de programmes aux Pays-Bas (complexes logements
+ magasins, bâtiment municipal + appartements, etc.), quand en France on a
tendance à créer des blocs (cités, zones commerciales, etc.). Les rapports
entre le maître d’œuvre et le maître d’ouvrage sont très directs en Hollande, ce
qui ne peut que renforcer la cohérence du projet.
Restent évidemment les
contraintes naturelles face auxquelles les Pays-Bas ont toujours dû
s’adapter : les grandes fenêtres ouvertes sur l’intérieur des maisons sont
dues au manque de lumière par exemple. L’Histoire a fait des Hollandais un
peuple de commerçants et de leur pays un lieu d’échange. La maîtrise des
langues étrangères qui en découle facilite l’appropriation des innovations
venues de l’étranger. Le concept du « Cradle to cradle » par exemple
est déjà bien connu au Nord.
Comment cela se fait-il
qu’un pays comme la France, qui dispose de tant de richesses, qui est si engagé
et qui a toujours été en tête des révolutions culturelles et sociales ne le
soit pas encore dans le domaine du développement durable ?
- Et vous, pourquoi sponsorisez-vous un blog sur ce thème ?
L’architecture durable
devrait concerner tout le monde et j’espère qu’avec ce blog, on pourra
vulgariser ce concept. L’intérêt de ce support est que chacun peut contribuer,
en en faisant ainsi un forum d’échange entre professionnels et citoyens.
En bon Néerlandais, je
pense que la mutualisation du savoir-faire et des compétences ne peut qu’être
enrichissante ! Pourquoi ne pas faire profiter tout le monde des solutions
déjà expérimentées à certains endroits de la planète ? On gagnera du temps
dans cette course contre la montre.
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