Énergie durable en ville
La ville devenant de plus en plus un véritable refuge, il nous faut nous intéresser à nos futurs besoins en énergie. L’augmentation de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre suit la même courbe que l’expansion des villes et la croissance du niveau de vie. Nous savons maintenant que notre atmosphère n’est plus en mesure d’absorber ces émissions et qu’il est nécessaire de disposer d’équipements énergétiques produisant moins de CO2, à savoir d’équipements durables. Mais en quoi consistent ces équipements énergétiques durables ?
L’énergie durable est une énergie dont les êtres humains peuvent disposer pendant une durée illimitée et dont l’usage n’a pas d’impacts négatifs sur l’environnement non plus que pour les futures générations. L’énergie durable est par conséquent aussi appelée énergie renouvelable. Parmi les formes d’énergie durable, on compte l’énergie géothermique (chaleur du sous-sol ou stockage de la chaleur et du froid), l’énergie solaire (production de chaleur et transformation de l’énergie solaire en électricité), l’énergie éolienne (turbines éoliennes), l’énergie hydraulique (donc aussi énergie marémotrice et énergie des vagues) et la bioénergie naturelle. Cette dernière forme d’énergie durable utilise la combustion ou la macération des plantes, ou la transformation de la biomasse directement en essence, diesel ou gaz. Ni l’utilisation du soleil, du vent ou de l’eau, ni la géothermie ne produisent d’émissions de CO2, alors que la biomasse en produit toujours, mais ces émissions de CO2 sont absorbées lors de la photosynthèse de la future biomasse. Dans ce sens, la biomasse est un carburant à bilan carbone neutre. Les autres formes d’énergie durable sont les formes d’énergie ne produisant pas de CO2 et sont donc préférables à l’usage de la biomasse.
Si on considère par exemple la production d’énergie durable aux Pays-Bas, près de 4% de l’électricité totale est produite par la biomasse à bilan carbone neutre et près de 4 % par des sources durables sans émissions de CO2 (la part totale d’énergie durable dans la production d’électricité aux Pays-Bas étant ainsi de près de 8%). Ces 4% de production d’électricité sans émissions de CO2 correspondent à la production d’énergie nucléaire d’une seule centrale nucléaire !
Par conséquent, l’énergie durable doit jouer un rôle beaucoup plus important dans l’approvisionnement de nos villes en énergie. Un souhait partagé par de nombreuses villes européennes : on ne compte plus les initiatives des municipalités pour parvenir à une production énergétique à bilan carbone neutre en 2020, 2025, 2030, 2040 ou 2050. Les ambitions ne manquent donc pas, mais pense-t-on suffisamment aux conséquences de ces ambitions ?
Dans une ville, nous avons besoin d’énergie, ce besoin étant réparti entre un besoin en chaleur pour le chauffage, en froid pour la réfrigération et en électricité pour faire fonctionner tous nos appareils et systèmes. Il nous faut pouvoir récolter l’énergie durable : ainsi la chaleur et l’électricité des toits, la chaleur du revêtement routier, la chaleur résiduelle d’une centrale biomasse, le froid d’une rivière et des eaux souterraines, l’électricité d’un parc de panneaux solaires, etc. Cela exige de l’espace dans la ville et dans ses environs, et la possibilité de récolter de l’énergie durable doit faire obligatoirement partie des projets d’infrastructures ou de constructions nouvelles. Un seul panneau solaire sur un toit n’entraîne pas une production énergétique à bilan carbone neutre. Si par exemple la ville d’Amsterdam voulait produire toute l’électricité nécessaire à ses besoins à l’aide de panneaux solaires, il faudrait une superficie de panneaux solaires d’environ 35 km2, ce qui représente 15% de la superficie totale d’Amsterdam ! Il faut donc concevoir des zones de récolte d’énergie dans les villes et dans leurs environs, comme s’il s’agissait d’une nouvelle forme d’agriculture.
Afin de pouvoir satisfaire aux besoins de tous en matière de chaleur, de froid et d’électricité, il faut développer une structure et une infrastructure permettant d’échanger, de structurer et d’organiser les formes d’énergie durable. La chaleur, le froid et l’électricité produites et récoltées doivent être acheminées via des réseaux séparés vers et depuis nos logements et nos entreprises, pour que nous puissions y prélever et y transférer de l’énergie à volonté en fonction de nos besoins, la distribution de chaleur et de froid ayant lieu via des réseaux locaux à petite échelle, celle d’électricité verte via le réseau électrique central public. Comme pour nos raccordements à l’égout et au câble, chaque usager dans une ville durable est raccordé au réseau d’alimentation en chaleur, en froid et en électricité verte. Cela nécessite une modification radicale de la façon dont nous produisons, distribuons, stockons et facturons l’énergie.
À cette fin, nous devons tous participer aux investissements nécessaires pour conserver notre environnement et notre prospérité. Une production énergétique à bilan carbone neutre est un signe de civilisation, elle ne peut pas être basée sur des critères de production économique tels que retours à court terme sur l’investissement.
L’énergie durable pour une ville durable n’exige pas encore plus d’initiatives individuelles, mais plutôt un plan global ‘Énergie pour la ville’ et surtout une organisation centrale !
24 août 2009
P.J. van Bergen, ingénieur
Paul van Bergen est directeur de DGMR et conseiller dans le domaine de la durabilité en milieu urbain. DGMR est une agence conseil spécialisée notamment dans le développement de zones et de bâtiments durables. DGMR a également conçu le logiciel Greencalc+ et collaboré à la conception du GreenCity Calculator.
Paul van Bergen est un expert du site Web www.duurzaamgebouwd.nl
Illustrations : photos de la ville.
Votre site est une mine d'or pour les étudiants, vous devriez vous associer avec des écoles pour vous faire sponsoriser
Rédigé par : Nicolas | 09 octobre 2009 à 20:44
Merci pour votre intérêt !
Nous nous réjouissons de savoir que ce sujet inspire la nouvelle génération d'architectes !
Rédigé par : Walter Dresscher | 09 octobre 2009 à 21:19